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Le monde du travail en France à la fin des années folles…

8 Avr

… ou l’euphorie avant la tempête

Salon de Paris -  1922

Salon de Paris – 1922

1920 : Au lendemain de la guerre,  la France, grâce aux investissements étrangers, connait une hausse rapide de sa production industrielle et son commerce devient excédentaire. L’emploi connait une embellie et on compte moins de 1000 chômeurs en 1928. Mais les inégalités sociales restent importantes. Alors que la bourgeoisie, enrichie par la guerre, s’étourdit dans le Paris des « années folles», les ouvriers, mal payés, sans protection sociale, s’entassent dans les banlieues ouvrières. Entre ces deux extrêmes, petits commerçants et artisans, petits paysans, sont attachés à leur propriété, mais menacés par la modernisation.

En 1929, le krach de Wall Street aux Etats-Unis  annonce la fin de cette période de croissance, les « années folles » vont faire place à la grande dépression.

Du plein emploi au chômage de masse

La crise atteint la France en 1931. Le chômage de masse s’installe touchant plus particulièrement la population ouvrière des villes.

Dans la banlieue industrialisée de Paris, de Saint-Denis à Bobigny, les listes de chômeurs gonflent passant ainsi en moins de deux ans de 2 % à plus de 15 %. Ce sont les ouvriers les moins qualifiés qui sont le plus touchés.

Quant à ceux qui ont encore la chance de garder un emploi, ils subissent les dominations du patronat qui durcit leurs conditions de travail. Ces contraintes ont pour effet d’aviver l’animosité des travailleurs à l’égard des travailleuses et des travailleurs immigrés que le pays a fait venir en masse dans les années 20. (De nombreux travailleurs immigrés, Polonais surtout, arrivés, notamment dans les industries du Nord, pour suppléer la pénurie de main-d’œuvre née de la Grande Guerre, sont renvoyés dans leur pays conformément à une loi votée en août 1932.)

La crise provoque la misère…

En 1931, face à la crise qui s’amplifie et à la précarité qui s’installe, le secours aux chômeurs s’organise, conçu sur le mode traditionnel de l’assistance aux pauvres, mais se révèle insuffisant et inadapté. Ce système d’aides repose essentiellement sur les municipalités qui organisent des fonds de secours, et sur la générosité publique.

Listés par communes, les chômeurs perçoivent une indemnité maigrelette, versée par la caisse de chômage municipale. Cette indemnité n’est souvent versée qu’à compter du quatrième jour de chômage et ne peut pas être touchée plus de trente jours consécutifs et ne peut dépasser la moitié des revenus antérieurs soit en moyenne 7 ou 8 francs par jour ! Sans compter que près d’un chômeur sur deux ne perçoit aucune aide.

Le bureau de bienfaisance local, lorsqu’il existe, assure une sorte de complément en nature : il distribue des « bons de pain », procure des vêtements et organise des « soupes populaires ».

Queue à la soupe populaire dans les années 30

Queue à la soupe populaire dans les années 30

… et une crise politique majeure

Pour faire face à cette situation de crise, les gouvernements successifs prennent des mesures impopulaires et inefficaces qui provoquent une forte agitation sociale: augmentation des impôts, réduction du traitement des fonctionnaires.

Ces échecs vont entraîner les grèves ouvrières de 1936.

Face à cette crise sans précédent et dans la crainte d’une montée de l’extrême droite, les partis de gauche décident de se rassembler en un parti unique, le Front Populaire. Celui-ci sortira victorieux des élections. Le succès du Front populaire fait jaillir un immense espoir de progrès social.

Mais cela est une autre histoire…

Sans plus attendre, retrouvez l’ambiance des années folles le samedi 11 avril à 16 h à la médiathèque Gustave-Eiffel.  La conférencière Marie Le Gouellec présentera la décennie d’après-guerre marquée par un renouveau culturel qui touche notamment les arts, le sport, la mode et les loisirs. Une période où se mêlent créativité, euphorie, frivolité, bientôt interrompue par la crise de 1929…

Ça n’a pas échappé à B.R.E.F. !

28 Mar

Jef Aérosol face à la fontaine Stravinsky. Paris Beaubourg

Les 3 actus de la semaine à ne pas manquer !

Objectif formation

A condition d’être particulièrement motivés, on peut se former le soir et le week-end. Pour y parvenir en dehors du temps de travail, les salariés en CDD ou en CDI doivent au moins justifier d’un an d’ancienneté dans leur entreprise et peuvent le faire en toute discrétion car l’autorisation de l’employeur n’est pas nécessaire. L’Obs du 23 mars détaille les modalités de prise en charge et les prérequis nécessaires pour que la demande aboutisse. A lire donc pour tout savoir sur la durée minimum de formation, la rémunération et la protection sociale dont vous pourriez bénéficier. Et comme la formation a le vent en poupe, après le succès des MOOC (acronyme anglais de Massive Open Online Course ou, en français, « cours en ligne ouvert et massif ») initiés par les universités, ce sont les Cooc qui débarquent en entreprise pour former les salariés et soigner l’image des sociétés. Grâce à des supports multimédias, ces cours en ligne permettent de se former à distance. Le Monde revient sur cette tendance (les usagers de la Médiathèque de Levallois pourront lire l’article dans son intégralité en s’identifiant sur son site). Surfant sur la vague, Pôle emploi lance de son coté la formation « massive » en ligne pour lutter contre le chômage de masse. A partir du 7 avril, la possibilité sera donnée aux chômeurs – et aux actifs – de participer à une formation d’un genre nouveau pour l’opérateur public, puisqu’il s’agit là aussi d’un MOOC ou plutôt de quatre MOOC.

 Pour les femmes, les enfants d’abord

Le magazine Elle organise la 4ème édition du forum ELLE Active à Paris, et cette année la manifestation se déroulera non plus sur une, mais sur deux journées, les 27 et 28 mars. A cette occasion, un sondage Ipsos/ ELLE Active réalisé auprès de 2 003 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française active rappelle que l’égalité femmes-hommes, est loin d’être acquise. Les résultats mettent en évidence les difficultés que rencontrent de nombreuses femmes pour concilier vies privée et professionnelle. Même si celles-ci sont globalement aussi satisfaites que les hommes (68% contre 69%) de leur vie au travail ou de leur épanouissement professionnel, elles sont plus stressées et hésitent davantage avant d’accepter une promotion craignant des répercussions sur l’organisation familiale. « Activités extra-scolaires, vacances, gestion des urgences à l’école, elles sont souvent seules à gérer le quotidien et beaucoup avouent que la gestion de ces problèmes a un impact sur leur bien-être professionnel, leur efficacité, leur ambition professionnelle, leur progression et leurs relations avec la hiérarchie. »

Marquer de son empreinte

trace-pas-aborigene Laisser un bon souvenir ou non ? Evidemment, c’est beaucoup mieux si c’est oui, c’est ce qu’explique Sophie Péters dans Le Monde du 24 mars. « Les premiers pas dans une entreprise posent d’emblée la question de la trace qu’on y laissera. Ou pas. Nombreux sont les salariés de passage, qu’il s’agisse d’un CDD ou d’une mission à mener. Et la vie professionnelle au long cours réserve des surprises. A commencer par celle de recroiser, ici ou là, un ancien collègue ou supérieur. Et que vous souhaitiez rester ou non, qu’il y ait ou non l’opportunité de vous y intégrer, votre séjour doit donc se révéler suffisamment marquant. »

Ça n’a pas échappé à B.R.E.F. ! vous donne rendez-vous samedi prochain et d’ici là continuez à nous suivre !

Christelle LP

L’odyssée des 35 heures

29 Oct

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Après les congés payés, le 1er mai, continuons l’aventure du droit du travail avec la réforme des 35 heures qui depuis sa mise en vigueur  a connu de nombreuses modifications et suscite aujourd’hui encore polémiques et remous dans les débats politiques français.

L’histoire des 35 heures s’inscrit dans la longue et tumultueuse histoire de la réduction du temps de travail.

La réforme des 35 heures est une mesure de politique économique mise en place en France par les lois de 1998 et 2000 (loi Aubry I et loi Aubry II) fixant la durée légale hebdomadaire du temps de travail à 35 heures, au lieu des 39 heures en vigueur précédemment. Cette réforme s’inscrivait alors dans une logique dite de « partage du travail  » avec pour objectif essentiel  la création d’emplois.

  • Loi Aubry du 13 juin 1998 ou « loi Aubry I » 

La loi ramène de 39 à 35 heures la durée hebdomadaire légale du travail et sera appliquée au 1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salariés.

  • Loi Aubry du 19 janvier 2000 ou  « loi Aubry II »

La loi fixe le cadre général de la mise en oeuvre des 35 heures. Elle met en place une garantie mensuelle de rémunération pour les salariés au Smic et une aide pérenne dite structurelle pour les entreprises à 35 heures, qui prend la forme d’un allègement de cotisations sociales dégressif avec le salaire.

  • Au 1er janvier 2002 

La loi est étendue aux sociétés de moins de 20 salariés.  Au-delà des 35 heures travaillées,  les salariés sont désormais payés en heures supplémentaires. Les entreprises sont autorisées à ne majorer les heures supplémentaires que de 10%.

  • Loi du 17 janvier 2003, loi sur les salaires, le temps de travail et le développement de l’emploi, dite « loi Fillon »

Cette loi a, entre autres dispositions, simplifié le régime des heures supplémentaires, issu des « lois Aubry ». Le nombre d’heures supplémentaires ne donnant pas droit à un repos compensateur est relevé de 130 à 180 heures par an et par salarié. La référence aux 35 heures est abandonnée au profit de l’annualisation du temps de travail : seul le plafond de 1 600 heures par an est retenu pour le calcul de la durée annuelle du travail.

En outre, un compte épargne-temps (CET) est instauré. Il permet au salarié d’accumuler des droits à congé rémunérés ou de bénéficier d’une rémunération, immédiate ou différée, en contrepartie des périodes de congé ou de repos non prises ou des sommes qu’il y a affectées. Le CET est mis en place par l’employeur. Les conditions d’utilisation des droits acquis sont précisées par la convention ou l’accord prévoyant l’ouverture du CET.

  • La Loi de 2007 : adoption de la loi en faveur du Travail, de l’Emploi et du Pouvoir d’Achat dite « loi Tepa »

 Le texte prévoit qu’une heure supplémentaire rapporte au salarié 25% de plus qu’une heure normale à partir de la 36ème heure, dans la limite de 220 heures par an et par salarié.  Au delà de la 35ème heure travaillée, toutes heures supplémentaires sont  exonérées de l’impôt sur le revenu.

Rappel : l’initiative d’effectuer ou non des heures supplémentaires revient à l’employeur.627075_3_84ac_une-manifestation-contre-les-35-heures-a-lyon

  • 20 août 2008 : adoption de la « loi Bertrand »

L’assouplissement se poursuit. La loi maintient une durée légale de 35 heures tout en donnant aux entreprises toute latitude pour augmenter et organiser le temps de travail, sous réserve d’un accord avec les syndicats ou représentants du personnel.

Cette loi marque une volonté de rupture vis-à-vis des 35 heures. L’autorisation de l’inspecteur du travail pour dépasser le contingent d’heures supplémentaires est supprimée.

  • Août 2012, « loi de finances rectificative »

Les heures supplémentaires sont de nouveau soumises à l’impôt sur le revenu, après l’adoption la veille par le Parlement du projet de 2012. La loi met fin, à partir du partir du 1er août, à l’exonération de l’impôt sur le revenu et, à partir du 1er septembre, aux exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, au-delà de la 35e heure. Seules sont maintenues les exonérations patronales dans les entreprises de moins de 20 salariés.

Et aujourd’hui ? Où en est-on avec les 35 heures ?

Dans un communiqué publié le jeudi 28 août 2014, Matignon indique que le gouvernement « n’a pas l’intention de revenir sur la durée légale du travail à 35 heures »… mais que sa modification éventuelle « relève de discussions entre partenaires sociaux » que l’exécutif  « respectera »

A suivre donc…

En attendant, poursuivez vos lectures sur le net et à la Médiathèque :

le-blog-bref-logo-info-plus. By Julie M.

Infos +

Article de La dépèche, La France vote ses 35 heures 
Le bilan économique des 35 heures ? par Sciences Po
La synthèse du Ministère des Affaires étrangères sur les 35 heures en France
Un dossier complet sur les 35 heures par le Journal du Net